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Tic toc

Publié par Eden Merazka - Dimanche 5 juin 2022 - 20:09
Tic toc

Parfois, dans la vie, il faut savoir vivre le moment présent et ne pas se soucier du lendemain. Se laisser transporter là où le vent nous mène; voilà comment je vois la vie.

Or, ce n’est pas le cas de tout le monde et certains veulent tout contrôler comme le personnage de l’histoire qui suit sortant tout droit de mon imagination.

Tic

Il était une fois un homme. Pas n'importe quel homme, Law Rossinante, la personne la plus riche de la planète qui craignait la mort à un point tel qu'il avait acheté la servitude de 200 gardes pour le protéger jour et nuit.

Il était même allé jusqu’à demander à un vieux chaman de lui dire comment et quand il allait mourir afin d’éviter de se retrouver six pieds sous terre. «Le 8 décembre de cette année, on viendra arrêter ton cœur», lui avait dit le chaman.

Rossinante fut choqué, pour le moins terrifié, débordant de peur. Il ne lui restait plus que deux mois, jour pour jour, afin d’éviter ce destin tragique. Sans perdre une seconde, il doubla le nombre de gardes, enfila une cotte de mailles et ajouta une porte blindée à l’entrée de son manoir. Il fit creuser un fossé rempli d’eau autour de sa maison avec plus d’une cinquantaine d’alligators de trois mètres de long, affamés et nourris seulement une fois par jour.

Une pièce de son manoir, connue sous le nom de «salle de l'apocalypse», était plus prête que jamais. La pièce était recouverte de tungstène renforcé et il y avait assez de nourriture pour nourrir une famille de trois personnes pendant deux ans, mais Rossinante n'en avait besoin que pour ce fameux jour redouté. Plus le temps passait et plus la peur de l’homme le plus riche au monde redoublait, à un point tel qu'il quittait à peine sa demeure, tétanisé par l’angoisse de la mort. Plus de cinq millions de dollars ont été dépensés pour assurer la sécurité de Rossinante; de la menue monnaie par rapport à ce qu'il gagnait.

En fait, Rossinante possédait des entreprises de plusieurs milliards de dollars à travers le globe et était considéré comme l'homme le plus riche qui ait jamais vécu à son époque. Il n'y avait qu'un seul but qui comptait dans sa vie : engranger un maximum d'argent et avoir plus de succès que quiconque n’ayant jamais vécu.

Toc

À chaque jour qui passait, les battements de cœur de Rossinante devenaient de plus en plus rapides, son muscle battait à mille à l’heure. La «salle de l'apocalypse» était plus prête que jamais et Law Rossinante l’était aussi. «Après tout, je suis l’homme le plus influent et le mieux protégé au monde», disait-il. Alors que le temps passait, il n’arrêtait pas de se rappeler les propos du chaman en se posant la seule et même question : «Qui donc osera venir me tuer?»

Ne faisant confiance à personne et voulant prendre un maximum de précaution, il donna comme ordre aux gardes de tirer sur toute personne tentant de pénétrer le manoir. Rossinante avait pris le soin de s’assurer que la salle ne pouvait être qu’ouverte de l'intérieur. Personne ne pouvait entrer sans son autorisation. Plus le temps filait, plus son cœur battait la chamade. À 23h50, il est entré dans la fameuse salle, s'est assis et a attendu que le temps passe. «Plus qu'une minute avant que je puisse échapper à la mort», avait-il dit, tremblant de peur. Son rythme cardiaque avait continué d’accéléré jusqu'à ce que l'horloge sonne les douze coups de minuit et que Rossinante s'effondre sur le sol, le cœur arrêté.

L'homme autrefois craintif n'était plus; sa mort ayant été causée par une crise cardiaque. Lui qui avait toujours tout contrôlé dans sa vie avait oublié que nul ne peut échapper à son destin. Lorsque l’heure sonne, nul ne peut fuir la mort. Personne n’était venu le tuer ou lui voler sa richesse. Personne ne pouvait entrer pour venir l’aider et le sauver. Personne n’était avec lui lors de ses derniers instants, lors de son dernier souffle, ses dernières pensées.

Les gardes attendirent patiemment dehors et continuèrent à garder jour et nuit le manoir, ne sachant pas que la mort avait rendu visite à leur maître. Ils tentèrent tant bien que mal d’ouvrir la porte de l’extérieur durant des jours et des semaines entières, en vain. À l’intérieur de ce manoir protégé par des centaines de gardes, l’homme le plus riche du monde n’était plus de ce monde.

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