Savoir apprécier le moment présent

Quand nous prenons le temps d’y penser, la vie que nous avions juste avant cette foutue pandémie était une vie que nous envions aujourd’hui. Des choses les plus simples, comme serrer la main, aux choses les plus complexes, comme voyager, étaient toutes, il n’y a pas si longtemps, des choses banales que nous ne prenions pas assez le temps d’apprécier.

Qui, en 2019, aurait pris le temps de chérir une bonne poignée de main ? Je me suis surpris en train de rêvasser en ces temps révolus. Laissez--moi vous raconter…

Il était une fois, une vie dans laquelle nous pouvions aller faire du sport sans aucun masque, libres de suer et souffler longuement, sans tracas. Je me vois encore en train de déposer sur un banc ma serviette, prendre des haltères et me placer sur le blanc afin de commencer ma séance. Mes acolytes de toujours, Leor et Momo, étaient là (encore aujourd’hui d’ailleurs) afin de s’assurer d'éviter les blessures. Après une heure et demie d'efforts intenses, nous repartions de la salle avec le sourire aux lèvres.

Il était une fois, une vie dans laquelle j’allais célébrer, avec mon ami Lounas, la grande victoire de l’Algérie à la coupe d’Afrique des nations 2019. Un moment fort mémorable dont je me rappellerais toujours. Une marée humaine inondait la rue Jean-Talon, lieu de rassemblement officiel de la communauté algérienne de Montréal, et criait en coeur : «one, two, three, viva l’Algérie»! Je vous laisse apprécier les photos de ce moment mémorable qu’aucun Algérien n’est prêt à oublier.

Il était une fois, une vie dans laquelle voyager se faisait sans problème. Ma famille et moi avions l'habitude d’aller chaque été en Algérie afin de renouer contact avec nos racines et notre grande famille. Je me rappelle être parti au splendide Jardin d’essai, un endroit fort magnifique et féérique. Juste à côté, il y a un zoo où mon cousin avait pris le temps de m’emmener afin que je puisse découvrir la faune algérienne. Je me vois encore en train de contempler le Makam E’chahid (mémorial du martyr), monument érigé en mémoire des chahids; les combattants de la guerre d'indépendance algérienne morts pour la libération du pays. Je me revois encore en train de nager dans les eaux des plages somptueuses d’Oran ou celles de Sétif.

Il est vrai que ce sont de bons moments qui sont enfouis dans ma mémoire et que ce virus aura changé complètement la donne. Toutefois, il ne faut jamais oublier que nous sommes toujours en guerre contre la COVID-19 et que nous devons absolument la gagner. Je suis certain que nous la gagnerons et que nous pourrons enfin retrouver notre ancienne vie. En fait, non. Nous gagnerons cette guerre et aurons une meilleure vie, de nouveaux objectifs et de nouveaux souvenirs. Des souvenirs que nous prendrons le temps de savourer et d’aimer, car si la pandémie nous a appris quelque chose, c’est d’apprécier le moment présent. Hier appartient à l’histoire, demain est un mystère, mais aujourd’hui c’est un cadeau. C’est pour cela qu’il s’appelle présent.