Lors de l’été 2022, je me rappelle d’une sortie que nous avions faite à Tipasa (à Alger) accompagné de plusieurs membres de ma famille. Nous étions allés visiter les ruines romaines - un lieu magnifique et riche en histoire - et en avions profité pour faire le tour du souk pour faire quelques emplettes. Je me rappelle être entré dans un ancien magasin d’antiquités qui avait attiré ma curiosité et celle de mon cousin. Face à cette ribambelle d’artéfacts, je me suis surpris à leur imaginer différentes histoires toutes plus belles et féériques les unes que les autres. Laissez-moi vous en racontez une.
La ballerine
Dans une petite ville nichée au pied d'une chaîne de montagnes ondulantes, un minuscule magasin d'antiquités abritait de vieux souvenirs qui tenaient une place particulière dans le cœur de sa propriétaire, Mme Agatha. Il s'agissait de deux petites figurines en porcelaine représentant des ballerines. Une arborait un délicat tutu de tulle blanc et des pointes alors que l’autre était dans une boite rose et était vêtue entièrement en rose. Les traits délicats et les détails complexes avaient attiré l'attention d'Agatha lorsqu’elle les avait vues pour la première fois dans un marché aux puces, il y a de nombreuses années. Agatha a toujours été fascinée par le monde du ballet, mais n'a jamais eu l'occasion de le pratiquer elle-même. Elle avait grandi à une époque et dans un lieu où de telles choses étaient considérées comme frivoles, et s'était donc mariée jeune et avait fondé une famille. Mais lorsqu'elle a vu les deux ballerines en porcelaines, c'était comme si tous ses rêves inassouvis de grâce et de beauté avaient été capturés dans ces petits objets. Elle savait qu'elle devait les obtenirs.
Réconfort
Au fil des ans, l'amour d'Agatha pour les ballerines ne fit que grandir et celles-ci devinrent une présence constante dans sa vie. Elles les époussetaient avec amour chaque semaine et se retrouvait souvent perdue dans ses pensées en contemplant leurs traits délicats. En grandissant, les ballerines prirent une signification encore plus profonde pour Agatha. La ballerine en porcelaine toute en blanc devint le symbole de toutes les choses qu'elle n'avait jamais eu la chance de faire dans sa vie et lui rappela qu'elle devait chérir les choses qui lui apportaient de la joie. Lorsque le mari d'Agatha est décédé, la ballerine rose a été pour elle une source de réconfort et de consolation. C'était comme si le petit personnage faisait partie d'elle, un morceau de son passé auquel elle pouvait s'accrocher et qu'elle pouvait chérir.
Donner au prochain
Au fil des ans, la santé d'Agatha a commencé à décliner et elle savait qu'elle ne serait pas toujours là. Elle commença à s'inquiéter de ce qu'il adviendrait de ses ballerines lorsqu'elle ne serait plus là. Un jour, Agatha décida de se rendre dans une école de ballet voisine où elle fit don de la ballerine blanche à une jeune élève prometteuse et dévouée. L'élève fut ravie du cadeau et promit d'en prendre soin. Pour Agatha, ce fut un moment doux-amer. Donner la ballerine, c'était comme dire adieu à une partie d'elle-même, mais elle savait que c'était la bonne chose à faire. Elle voulait que la ballerine apporte de la joie et de l'inspiration à quelqu'un d'autre, comme elle l'avait fait pour elle pendant toutes ces années. Pour ce qui est de la ballerine rose, elle l’offrit à sa nièce de deux ans qui fut très contente que de recevoir ce beau présent.
Finalement, Agatha s'est éteinte paisiblement, sachant qu'elle avait partagé une partie d'elle-même avec le monde. Et même si les ballerines n'étaient plus en sa possession, elles avaient laissé un impact durable sur sa vie et sur celle des deux jeunes filles qui les avaient reçues. Ceci nous rappelle que même les plus petites choses peuvent avoir une grande signification et une grande beauté, et que nous ne devrions jamais avoir peur de les partager avec les autres.
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