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Persévérance scolaire: Avoir confiance en notre propre courage est vraiment un privilège

Publié par Liam Cooper-Brown - Jeudi 29 septembre 2016 - 10:38
Pour les jeunes, il existe ici un grand parallèle avec le stéréotype du monde adulte allégorisé par la bande dessinée américaine Dilbert : les gens qui n'aiment pas leur emploi.

Vous avez sûrement vécu ce mélange d'excitation et d'anxiété pendant les semaines antérieures à la rentrée scolaire. Peut-être êtes-vous optimistes; vous vous dites: « Cette année, ça va être différent. Je vais m'impliquer davantage à l'école. Je vais contribuer activement dans mes classes. Je m'achèterai de beaux matériaux scolaires et je vais en prendre soin. » Ou, peut-être savez-vous déjà que ce qui vous accueillera à l'école sera encore une fois le banal et le jargon mondain qui vous paraît de plus en plus absurde à chaque année: « Pourquoi est-ce que j'apprends ça!? » Peu importe, nos attentes par rapport au travail que nous n'avons pas encore fait et la réalité lorsqu'on doit le faire peuvent diverger de manière frappante. C'est certainement décourageant.

Rendu à ce point dans l'année scolaire (personnellement, je suis dans ma sixième semaine d'école), je constate une acceptation consensuelle du mode de vie à la fois choisi par les étudiantes et étudiants et imposé par leurs études. Ces deux forces déterministes dépendent souvent des aspirations individuelles des personnes fréquentant l'école. Mais à quel point les aspirations sont-elles symptomatiques de la liberté individuelle et de l'ascension sociale offerte par notre société, voire un genre d'American dream moderne? N'est-ce pas une forme d'oppression, de sur-encadrement, du « il n'y a pas d'autres portes ouvertes » cité dans la chronique récente de Chelsey Bonègre, cette pression que nous ressentons constamment de réussir?

Pour les jeunes, il existe ici un grand parallèle avec le stéréotype du monde adulte allégorisé par la bande dessinée américaine Dilbert: les gens qui n'aiment pas leur emploi. Malgré notre manque d'expérience dans le monde de travailler dans un bureau, nous sommes familiers avec cette bureaucratie centrée sur la productivité mais qui ne récompense aucunement notre valeur en tant que citoyens, citoyennes et individus. À mon avis, ceci explique partiellement l'infâme taux de décrochage dont on entend parler au Canada français: ce n'est fondamentalement pas que nous échouons à valoriser l'apprentissage, c'est plutôt que l'éducation semble largement avoir abandonné toute tentative d'humaniser nos étudiants.

Jouer un rôle actif et ciblé

On dit que, pour combler cette problématique de décrochage, voire promouvoir la persévérance scolaire, il faut jouer un rôle actif et ciblé. Je crois qu'il est également à souligner de ne pas juger les personnes qui sont rendues aussi aliénées dans notre société; il est très difficile d'avoir une passion pour ce qui est le plus commun, le quotidien. En fait, je m'abonne à la théorie d'Abdennour Bidar, philosophe français musulman qui est venu faire une conférence sur le retissage des liens à mon cégep. Sa théorie soutient, entre autres affirmations (en fait, deux autres: Bidar est publié de manière accessible si vous y êtes intéressé-e-s) qu'on ne peut avoir une énergie débordante pour le travail, cette fameuse passion pour le quotidien, que lorsqu'on met en accord ce qu'il y a réellement à l'intérieur de nous, le soi, et ce que l'on fait. J'ai mentionné sa nationalité et ses croyances car je crois qu'elles rendent encore plus pertinente sa perspective, étant donné les relations interethniques en France aujourd'hui; Bidar peut prendre une perspective de recul à la fois sur le monde occidental et sur le Moyen-Orient. Il a alors une certaine objectivité dans son point de vue par rapport à la société occidentale et ses valeurs individualistes que beaucoup d'entre nous ne peuvent pas atteindre.

S'il y a un démographique particulier qui sait que faire rimer ce qu'on est et ce qu'on fait n'est pas un défi facile, c'est les jeunes vivants en HLM. Nous n'avons souvent pas les ressources pour chercher ladite clé de l'existence professionnelle et pour matérialiser (et rentabiliser) notre volonté créatrice. Mais, courage! Nous vivons vraiment dans un lieu relativement privilégié, et il faut en être reconnaissant. Malgré tous ceux que notre société délaisse par l'aliénation, nous profitons de manière générale de pouvoir transformer l'effort en véritables résultats afin de surmonter et transformer ce quotidien banal, ou de passer du travail que l'on n'aime pas à celui que l'on aime. Je parle par expérience lorsque je dis cela: je vois une corrélation directe entre l'effort que je mets dans mes travaux et les résultats que j'y pige. Ce n'est vraiment pas tout le monde qui peut profiter de cela, qui peut mettre de l'effort dans le quotidien ou qui peut bénéficier de quelque chose qui vaut l'effort soumis. Avoir confiance en notre propre courage est vraiment un privilège.

Alors, voilà mon approche ciblée et active pour prôner la persévérance scolaire.

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