Du berceau à la tombe

Pour ceux ayant l’habitude de me lire, vous savez très certainement que je suis une personne qui aime raconter des histoires dans ma série de textes Les histoires d’ici et d’ailleurs.

Aujourd’hui, j’ai décidé de vous raconter une histoire vraie mettant en scène des personnes de ma famille.

Zineb

Quand j’avais 16 ans, ma mère me raconta l’histoire incroyable d’un membre lointain de ma famille et celle d’un parfait inconnu. L’histoire débute en 1934, à Alger, par la naissance de Zineb, mon arrière-grand-mère, dans l’un des hôpitaux les plus réputés de la région : l’hôpital Moustapha. Zineb eut une enfance assez prospère et réjouissante notamment par le fait que son père était un noble agriculteur qui possédait de grands champs de blé. Travailleuse qu’elle était, Zineb donnait constamment un coup de main aux champs afin d’aider à récolter leur bien précieux.

Saïd

Un jour, alors qu’elle revenait de l’épicerie du coin avec deux sacs bien remplis qui semblaient peser des tonnes, elle se fit aider par un jeune inconnu qui l’avait vue en train de soulever avec peine ses commissions.

Arborant une belle chemise à carreaux, de belles chaussures et une ravissante montre, elle savait avec certitude que ce jeune homme provenait de la ville se situant à quelques dizaines de kilomètres de son village. Afin de le remercier, le père de Zineb l’invita à boire un bon café à la maison afin de faire plus ample connaissance.

L’inconnu se prénommait Saïd et venait de France. Il était d’origine algérienne et venait assez rarement en Algérie puisque la majeure partie de sa famille avait migré en France. Au fil de la discussion, Zineb et Saïd se rendirent compte qu’ils étaient nés le même jour, dans le même hôpital et à la même heure. «Une drôle de coïncidence», avait pour habitude de dire mon arrière-grand-mère en racontant cette histoire. Après avoir longuement discuté, Saïd finit par reprendre sa route. Ce fut la dernière fois qu’elle le vit.

Unis jusqu’à la tombe

Zineb se maria et eu sept enfants : deux garçons et cinq filles. Ayant vécu une longue vie en chérissant tendrement ses enfants et en s’assurant de leur inculquer de bonnes valeurs qu’elle avait elle-même reçues de son père, elle mourut d’un arrêt cardiaque à l’âge très honorable de 78 ans.

Lors de son enterrement, les membres de sa famille se rendirent compte que la personne qui était en train de se faire enterrer au même moment que Zineb était un homme ayant vécu en France toute sa vie et qui se prénommait Saïd. De fil en aiguille, en parlant aux membres de l’autre famille, les enfants de mon arrière-grand-mère apprirent que cet homme était bel et bien né au même hôpital, le même jour et à la même heure. Était-ce vraiment Saïd, le personnage principal de son histoire qu’elle avait autrefois racontée à ses enfants et à sa famille, qui l’avait rejoint dans la mort? On ne pourra jamais en être certains à 100%, mais dans notre famille on aime croire que tous deux sont nés et ont été enterrés au même moment et au même endroit. Une drôle de coïncidence, n’est-ce pas?